L'élevage


Article sur l'intégration des animaux en permaculture, et sur l'application des principes d'efficacité énergétique de la permaculture :

Intégrer les animaux en permaculture


Les animaux en permaculture

Voici un article/message que j'ai rédigé en répondant à cette affirmation :
"D'où le principe de l'Agriculture Naturelle dit "de la rareté animale". Entre parenthèse, l'introduction des animaux dans les systèmes agraires est un des piliers de la bio et de la permaculture de Mollison."

Pilier peut-être, mais pas pour les mêmes raisons que la bio. Et d'un certain point de vue, rareté animal aussi.

En permaculture, l'objectif c'est de créer un système autosuffisant en énergie et qui est capable de fournir une production utile à l'homme (et cette production, une fois utilisée (transformée) sera recyclé et ré-injecter dans le système)
On introduit des animaux dans le système permaculturel en vue d'allonger les cycles de l'énergie. Plus les cycles seront long, à l'intérieur de notre système, plus l'énergie pourra rester longtemps dans notre système.
Plus les cycles sont longs, et plus l'homme peut y trouver des opportunités d'obtenir des productions différentes.

Exemple d'une noyeraie

à Coulaures (24), près de chez moi.

Y'a un agriculteur qui fait de la noix.
Il fauchait sous les arbres, faisait les foins avec son tracteur à pétrole.

Il a essayé l'agroforesterie de type arbres + animaux, et a mis des oies sous ses noyers.

Les oies mangent l'herbe > économie de tracteur, de pétrole et de temps > création d'une production supplémentaire de viande, d'œufs et de plumes (et que sais-je encore !).
Avant, l'herbe, qui est une énergie, était fauchée et exportée. L'herbe captait une part d'énergie du système (capte la lumière) la transformait en végétale, puis cette énergie était exportée ou échanger sous forme d'argent (foin vendu). L'énergie était transformée une seule fois avant de sortir du système (l'énergie re-rentrait sous forme d'argent, mais en comptant les charges de fonctionnement, de structure et d'investissement, vendre du foin, c'est pas rentable).

Avec les oies, l'herbe est mangée par ces herbivores (une transformation supplémentaire). Les oies donnent des œufs et de la viande (des productions supplémentaires), éventuellement, les cadavres des oies mortes naturellement, qui sont eux aussi de l'énergie, peuvent être enterrés sous la noyeraie, etc. Ainsi l'énergie du brin d'herbe a circulé plusieurs fois dans le système et y est resté (sauf pour les ventes de produits).

Mais le plus intéressant là-dedans, c'est que la production de noix a doublé en 3 ans, par rapport aux parcelles témoins, restées sans oies.
Les troncs des arbres ont grossi 10% plus vite que sur les parcelles témoins.
Ce qui a rendu possible cela, c'est l'utilisation judicieuse des animaux.

Gagnant sur tous les plans vu que le système s'aggrade plus vite !
Et puis l'agriculteur a utilisé une seule unité de surface au lieu de 2 unités (noyer + oie). Cela occasione un gain d'espace mais aussi un gain en trajets parcourus.

Les principes de permaculture derrière ça sont :
- créer et saisir des opportunités pour des productions diversifiées ;
- utiliser l'énergie animale pour raffiner l'énergie végétale, que l'homme ne saurait valoriser (je ne mange pas d'herbe, par contre, je mange les oies qui mangent de l'herbe et comme j'ai de l'herbe à profusion...) ;
- repérer les fuites d'énergie et créer des cycles pour la capter ;
- retenir l'énergie le plus longtemps possible dans le système : si j'exporte (je vends des légumes au marché), je demande à ce qu'on me rapporte (les consommateurs me rapporte leur déchets verts, voire leur compost de toilette sèche, ou alors j'ajoute des plantes fixatrices d'azote dans mon système et des plantes "accumulateurs dynamiques").

Le nombre d'animaux dans ce genre de système doit être adapté aux capacités du système. Les permacultures fonctionnant comme des écosystème naturels (peu ou proue, tout dépend de l'intelligence et du travail de conception du designer), une bonne indication pour déterminer le nombre d'animaux pour notre système est donné en se rapportant à la pyramide écologique d'un écosystème.
Par exemple, il ne peut y avoir des poisons carnivores dans un étang, que s'il y a des poissons herbivores, et si la population d'herbivores baisse parce qu'il n'y a pas assez d'herbes aquatiques à manger, la population de carnivore baisse aussi. (Ne faîtes pas une règle de cette relation carnivore/herbivore, car on peut très bien créer un système où l'on nourrit les poissons carnivores avec des asticots utilisés pour le recyclage des déchets d'une cantine scolaire... la seule limite, c'est l'imagination !)

On choisit donc le nombre d'animaux en fonction de :
  • la nourriture disponible qui peut leur être dédiée, et donc de la surface de production de cette nourriture ;
  • de leur espace vital nécessaire ;
  • sans compromettre l'autonomie énergétique du système ;
  • sans compromettre les récoltes destinés à l'homme (on ne nourrit pas son chien avec le fromage, on lui donne éventuellement les croûtes...) ;
  • et en fonction de ce que nous, les gestionnaires de systèmes permaculturels, allons être capable de gérer sans se faire déborder.

Sans oublier de passer ce raisonnement et ces choix dans le filtre éthique de la permaculture :
  • est-ce que mon design respecte :
    • l'animal ?
    • moi ?
    • les autres ?
  • est-ce que c'est soutenable, gérable ?

Et pour être bien sûr d'avoir fait le bon choix de design avec des animaux, on passe ça dans le filtre des principes d'Holmgren :
(petite parenthèse sur les principes de David Holmgren, je ne les considère pas comme des principes de conception, mais plus comme des principes d'aide à la création, en orientant l'imagination et la réflexion, ou comme des principes de vérification)
  1. Observer et interagir : ai-je bien observer avant d'agir ? ai-je bien interagis en fonction de mes observations ?
  2. Collecter et stocker l'énergie : Où est l'énergie ? mon design la capte-t-il ? utilement ? cette énergie est-elle bien stocker ?
  3. Créer une production : mon bilan de production est-il supérieur avec ce design ?
  4. Appliquer l'autorégulation et accepter la rétroaction : mes oies sont-elles (relativement) autonomes (dans leur alimentation, leur habitat, leur santé, leur comportement instinctif) ? ou, posé dans l'autre sens, y-a-t'il quelque chose qui puisse nuire à l'autonomie des mes oies ? Si ça ne marche pas, vais-je pouvoir retomber sur mes 2 pieds, sans perdre tout ce que j'ai investi ?
  5. Utiliser et valoriser les ressources renouvelables...
  6. Ne pas produire de déchets...
  7. etc.

Anciennement dans les fermes, il y avait des poules, genre 2-3 par habitants, un cochon, un cheval, une paire de bœufs, des pigeons à gogo...
Mais pas 200 cochons et 100 ha de maïs comme il y a chez un voisin.
Le nombre d'animaux et leur espèces étaient savamment (science basée sur la pratique et la tradition en fait !) déterminé en fonction des déchets à recycler et des opportunités de rendement (tout est bon dans le cochon !).

Pour conclure, je propose les principes d'utilisation et de rareté animale dans les systèmes permaculturels que je planifie pour les paysans, pas tant pour réduire les surfaces exploitées (moins de vaches, c'est moins de champs de soja), ou pour réduire les surcharges pondérales et maladies de l'homme dû à la consommation de viande pyrolysée dans du gras, mais plutôt parce que cela contribue à la création de systèmes autonomes en énergie.
Systèmes complexes certes, mais systèmes efficients !

Pour finir, cette petite vidéo qui montre comment un apiculteur a réussi à capter une ressource (protéine) présente dans son système, pour résoudre un problème (frelon asiatique), il a augmenté ses productions (économie de surface de terrain et de fourrage) et autonomisé ses poules (système d'auto-affouragement) :



Bonnes fêtes

Moilamain
Designer et Enseignant en permaculture
Coordinateur du Projet Permaculture de l'Écocentre du Périgord-Limousin
Animateur d'un café-installation-permaculture



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L’apport du fourrage d’arbre dans l’élevage : http://desracinesetdescimes.files.wordpress.com/2014/03/larbre-comme-fourrage.pdf